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Attention danger !

Nous sommes tous encore sous la tension de la « remontada » et du suspense insoutenable de samedi dernier face à la solide formation de Saint-Chamond. Pourtant, on ne se lasse toujours pas de voir et revoir le merveilleux « buzzer beater » de Ron Lewis, à la toute dernière seconde de la prolongation.

Mais alors que le SLUC Nancy reste sur une petite série de quatre victoires, se profile déjà un périlleux déplacement à Gries. Ce gros village de 2800 âmes, situé dans la plaine bas-rhinoise, entre Strasbourg et Haguenau, abrite en effet une formation à prendre très au sérieux.

Monté de Nationale 2 jusqu’en Pro B en trois ans, le petit poucet du BC Gries-Oberhoffen est bien parti pour se faire une place au deuxième échelon de l’Elite du basketball français. Malgré un budget restreint (17e budget de Pro B et 15e masse salariale), le club est ambitieux : « nos joueurs sont moins payés mais jouent mieux qu’ailleurs »1, aime plaisanter Thomas Lotz, le manager du club alsacien.

Un jeu atypique

Ludovic Pouillard, le coach depuis 2015, à la réputation d’être travailleur et exigeant. Il est aussi un sacré dénicheur de talents, recrutant des joueurs au profil atypique dont il tire le maximum. Le BCGO est une équipe qui va vite et qui développe un jeu offensif, chatoyant et efficace ; il pratique un jeu « à l’espagnole » fait de relance, de jeu en transition, de « drives and kicks ». Elle n’est pas la meilleure attaque de Pro B par hasard en 2019 et en 2020 ! Il ajoute « J’aime bien le basket total. Quand on arrive à shooter au-delà des 60 fois, je suis content ! » 2 

Suite à sa très belle saison dernière (8e du classement avec 19 victoires pour 15 défaites, et demi-finaliste des Playoffs), le club alsacien a été dévalisé. Neuf des dix joueurs de l’effectif ont quitté le BCGO, notamment le meneur Xavi Forcada et le pivot Olivier Cortale, tous deux partis pour Roanne en Jeep Élite. Une situation difficile pour Ludovic Pouillard : « tous ces départs créent beaucoup de frustration. Maintenant, on retravaille, on essaie de reproduire ce qu’on a fait et même d’être plus fort »3

Gries-Oberhoffen, un effectif à l’accent espagnol

Nous sommes prévenus, cette année encore, Gries présente un redoutable effectif basé sur un trident venu d’Espagne.

Asier Zengotitabengoa est resté au club, lui qui était déjà présent durant l’épopée gagnante en Nationale 1 en 2017. Cet ailier de 31 ans et 1,99 mètre est une trouvaille de Ludovic Pouillard, dénichée en D2 espagnole. Il est devenu le shooteur attitré de l’équipe (11 tentatives par match), et performe à 13,7 points mais aussi 4,6 rebonds pour 12,6 d’évaluation moyenne. Une valeur sûre.

Pour driver son équipe, le coach des verts a souhaité retrouver un meneur espagnol. Il apprécie les joueurs à fort QI basket, et a choisi Josep Franch (1,90 mètre), qui a fait les beaux jours, en Liga Endesa, de Badalone, Murcie et Séville. Ancien international dans les sélections jeunes, il effectue, à 28 ans, sa première saison hors d’Espagne. Incontestablement, il ne déçoit pas car il signe des statistiques intéressantes : 12,1 points, 3,1 rebonds et surtout 5,8 offrandes qui font de lui le 3e passeur de Pro B.

Enfin, le staff alsacien a réussi à attirer un joueur qui a disputé plusieurs saisons d’Euroligue avec Malaga entre 2009 et 2012. Un très gros CV en la personne de Saul Blanco, un ailier fort de 34 ans et 1,96 mètre. L’ancien de Séville, Gijon et Fuenlabrada s’est bien acclimaté à l’environnement alsacien puisqu’il réalise 13,2 points (à 45% de réussite pour dix shoots par match) assortis de 3 rebonds et 3 passes en moyenne, pour un très correct 12,1 d’évaluation. Le SLUC Nancy avait d’ailleurs fait connaissance avec ce joueur lors du match de Leaders Cup quand Saul Blanco avait fait exploser la défense nancéienne, scorant 22 unités à 4/8 à 3 points ! Cependant, le sniper espagnol vient d’être arrêté quelques temps pour un « lavage articulaire », mais devrait faire son retour face aux Couguars.

Un effectif complet

Ajouté à ce trio ibérique, Gries a pu se renforcer à l’aile avec Karam Mashour, un fort rebondeur qui arrive du championnat israélien. Formé en NCAA, trois fois All-Star de la ligue israélienne, il a fait quelques apparitions en Euroligue au sein du prestigieux Maccabi Tel-Aviv. Depuis, il a confirmé avec le Bnei Hasharon. « C’est un joueur polyvalent offensivement et très agressif dans les duels »4 dit de lui Thomas Lotz. Depuis son arrivée, en 8 matchs, le remplaçant de Slezas et de Czyz, cumule déjà la meilleure évaluation de l’équipe avec 13,9 pour 14,8 points (40% à 3 points) et 6 rebonds. C’est un des joueurs à surveiller car il s’affirme déjà comme un des tout meilleurs joueurs de Pro B.

À ce quatuor redoutable, n’oublions pas Bruno Cingala-Mata, l’ailier-fort guadeloupéen formé à Cholet, qui ne vient pas en Pro B sur la pointe des pieds car il signe quand même 10 points (à 60% de réussite) et 6,5 rebonds. De même, Kevin Dinal, ancien pensionnaire de Jeep Élite (Dijon, Orléans et Bourg-en-Bresse), vient se relancer en Alsace (où il avait brillé à Souffel en 2014-15), après une sérieuse blessure au pied la saison passée. Dans le cinq de départ, il assure 9,7 points (à 52,4% de réussite) et 6,7 rebonds.

Enfin, pour effectuer les rotations, Ludovic Pouillard peut compter sur les trois anciens espoirs formés au SLUC Nancy : Samir Gbetkom (16 minutes et 7,6 d’évaluation), Kevin Thalien (17 minutes et 6,1 d’évaluation) et Mathias Flosse (11 minutes et 5,5 d’évaluation), qui seront sans doute très motivés à l’idée de retrouver leur club formateur.

Intraitable à domicile

Le BCGO a deux visages : fragiles à l’extérieur (7 défaites), les verts sont redoutables à domicile : 8 victoires en 9 matchs (toutes compétitions confondues) depuis septembre.

Seul Denain-Voltaire est parvenu à s’imposer en Alsace, le 13 décembre dernier (76-98).

Les visiteurs repartent souvent de la « Forest Arena » avec une belle valise : 103-79 pour Rouen, 98-69 pour Souffel, mais aussi 83-56 pour Lille, 80-62 pour Aix ou encore 93-90 pour Évreux !

Ludovic Pouillard, sur le site officiel du BCGO, lance sans détour « le message qu’on veut envoyer, c’est que notre salle doit rester un sanctuaire inviolé. Les adversaires doivent se dire qu’ils ne gagneront pas à Gries »4

N’oublions surtout pas que le 27 septembre dernier, en Leaders Cup, le SLUC Nancy s’y était lourdement incliné, 88 à 102.

Les hommes de François Peronnet sont donc prévenus : il ne sera pas aisé de réaliser la performance de la saison passée (victoire 81 à 84). Pourtant, le SLUC Nancy aimerait continuer sur sa lancée.

Privé de Jordan Aboudou (suspendu deux matchs) et sans doute de Bastien Vautier (blessé à la cheville gauche), les Lorrains devront impérativement contrôler le rythme et éviter que les verts ne s’enflamment. Une défense intransigeante face aux talentueux attaquants alsaciens, une grosse présence aux rebonds et une maîtrise des émotions seront nécessaires pour entrevoir la victoire.

MC

  1. 20 minutes
  2. BeBasket.fr
  3. France Bleu Alsace
  4. Site Internet du BCGO